Mao a tout pour plaire ! Un sourire radieux, un surnom rigolo, le goût des autres et des rencontres, et surtout la volonté belle et sereine de trouver un boulot qui a du sens ! Je la croise pour la première fois lors d’une réunion Graines de Projets dont je vous parlais dans mon dernier article. C’est avec des yeux pétillants de joie et de générosité qu’elle me raconte son parcours.

Qui cherche trouve

Grande voyageuse et curieuse de tout, Mao fait une école de traduction mais se rend compte que ce métier solitaire est trop technique pour elle. Elle s’oriente vers la communication, part 6 mois au Mexique, puis de retour en France travaille trop sérieusement à différents postes dans des grands groupes et s’ennuie…Par hasard, elle tombe sur une offre proposant d’être responsable com dans une école hôtelière au Cambodge ! Sa candidature est retenue ! Adieu la grisaille parisienne, la voila de nouveau sur les routes, à la découverte d’une nouvelle culture.

Le petit Las Végas

metier-pour-vivreC’est à Siem Reap, ville la plus proche des temples d’Angkor que Mao arrive pour un an. Les touristes y ont le choix entre plus de 350 hôtels et maisons d’hôtes. Mais elle ne vient pas en touriste… mais pour travailler pour une ONG française Agir pour le Cambodge 

Créée en 1984 pour faire face à une urgence humanitaire, elle s’est orientée vers l’aide au développement en 1995 et ouvre le programme Sala Baï  en 2002 pour donner un avenir professionnel à des jeunes en situation de très grande pauvreté, venus de tout le pays.

Sala Baï a pour but d’offrir un emploi dans le secteur du tourisme et un salaire décent à de jeunes adultes, en les formant pendant un an à quatre métiers de l’hôtellerie et de la restauration (réception, cuisine, service en salle, et service en chambre).

Angkor nous voila !

C’est ce que disent les millions de touristes qui déferlent ici. Capitale de l’empire khmer, et plus grande ville du monde au 13ème siècle, la cité abandonnée dont les ruines fascinent, fut redécouverte au 19ème siècle par des explorateurs français. Avec 40.000 visiteurs par an en 1994, 3 millions en 2012, et 7 millions prévu en 2015, les temples d’Angkor sont sous pression. Ils comptent 200 monuments et 568 sites…avec en saison haute plus de 3000 visiteurs par jour. Le site protégé par l’Unesco depuis 20 ans, avec plus ou moins de succès, attire les cambodgiens dans la région qui se développe trop vite.

Comment fonctionne l’école ?

ensembleCette école forme 100 étudiants par an et comprend aussi un hôtel et un restaurant d’application. Elle est ouverte aux jeunes des familles les plus pauvres du Cambodge.

Beaucoup de parents n’envoient plus leurs enfants à partir de 10 ans à l’école car les professeurs sont tellement mal payés par l’état qu’ils demandent aux parents de payer en plus, ce qui n’est plus possible pour eux.

Il faut qu’il aient le grade 6 c’est à dire l’équivalent de la 6ème et plus de 17 ans pour postuler et souvent cela fait plusieurs années qu’ils travaillent dans les champs.

Après un processus de sélection long et rigoureux (mais c’est surtout la motivation qui compte) les travailleurs sociaux de l’école vont visiter toutes les familles des futurs étudiants pour vérifier que ces familles sont vraiment les plus pauvres du pays et les aider également. Elle est gratuite pour les étudiants, et est financée par des dons de particuliers ou de fondations (Elle, Chanel, Guide du Routard).

En quoi consistait ton travail ?

Mao-reine-de-la-comMon poste dans la communication était très varié: présenter le programme aux gens, faire de la pub à la radio locale et les journaux, c’est comme ça que les jeunes nous contactent. être en lien direct avec les élèves, les profs, les clients et aussi organiser des évènements.

Un des buts de cette école hôtelière particulière c’est de faire prendre conscience aux hôtels de la ville que ces jeunes vont travailler chez eux et qu’il est important qu’ils investissent pour leurs compatriotes.

Il faut savoir que les familles des jeunes qui viennent dans l’école gagnent moins de 300$ par an, et que leur premier   salaire quand ils sortiront de formation sera de 60$ par mois ce qui est énorme pour eux !

Qu’est ce que tu as aimé le plus ?

En dehors de la vie avec les expats, où la réalité est complètement à côté de celle des gens du pays, ce programme avait vraiment du sens pour moi. Nous n’étions que 3 français et il y avait  21 cambodgiens dans l’équipe éducative. Je devais tout le temps être dans l’inter culturel et c’est ce qui me plaisait le plus.

Tu as quelques anecdotes ?

J’habitais dans une maison avec une dame en dessous, et elle était un peu comme ma deuxième maman. Elle m’a souvent invitée à diner, m’a dépannée plusieurs fois et voulait que je l’appelle « Madame ». Elle était très affectueuse et généreuse.

Ah oui autre chose. Je fais du théâtre depuis le collège, et pendant mon séjour on a monté une petite troupe avec des français ce qui m’a fait sortir du cadre de l’école. Les recettes de nos représentations nous ont permis d’acheter une moitié de générateur pour la cuisine de l’école… des dons ont complétés l’autre moitié. C’était un gros problème d’avoir très souvent des coupures de courant.

Qu’est ce qui te met dans la gratitude ?

joieCe qui me rend heureuse c’est de rencontrer des gens très différents de moi et de donner du sens à mon boulot. Je ne pourrais plus travailler sans savoir que mon travail rend service, rend les autres plus heureux, rend le monde meilleur.

J’adore les rencontres qui se font par hasard. Je fais aussi du couch-surfing, je suis devenue amie avec une russe qui est restée chez moi 3 semaines au lieu de 3 jours…

Je suis aussi bénévole depuis 3 ans dans une association A bras ouverts, où on part en week-end avec des personnes handicapées mentales. C’est magnifique de vivre la rencontre avec l’autre sans artifice mais dans le don et la gratuité.

Et si vous souhaitez voyager dans ce magnifique pays, je vous recommande le tourisme solidaire avec l’agence Voyager autrement.

Pour aller plus loin:

Très beau documentaire sur Arte, à revoir sur Youtube: Angkor, capitale disparue de l’empire Khmer.

Le musée Guimet retrace la naissance d’Angkor, avec une magnifique exposition: Louis Delaporte, la naissance d’un mythe. et le Monde publie un bon article: La beauté d’Angkor visible à Paris.

Et vous, comment donnez vous du sens à votre travail ?